- argad16 a écrit:
- picard jean michel a écrit:
- Moman est allée récupérer les pièces en provenance d'une Manoucherie du sud ouest. Comme ils annoncent la pluie cette semaine,ça devrait vite se monter.
…/…
Ceci me rappelle que depuis Moissac (Phoz m'ayant remis quelque chose issu du susdit break) j'ai d'ailleurs une histoire à narrer (oui, je ne raconte point, je narre !!) au sujet du "paradis des autos qui se cachent pour mourir là où elles ont fait leurs premiers tour de roue".
Mais trop long à rédiger ce soir... (oui, je peux rebuter à rédiger si ça s'annonce long, surprenant n'est-ce-pas ?).
Voilà la petite histoire que je devais coucher sur le papier. Vu le temps de m… du jour, j'ai pris le temps de tout réécrire (déjà fait quelque part sur un forum Peugeot, mais pas moyen de retrouver ça).
Episode 1 :
En mai 1995 alors que je suis en plein chantier de restauration de la 402, je lis une annonce dans LVA (oui, un autre siècle ; avant lbc et le Oueb mooondial) pour une épave de 302 dans le Maine-et-Loire. La 302 et la 402 ont des éléments communs, donc après deux épaves de 402, je fonce. C'est dans mon secteur. Je téléphone, je vais voir, on fait affaire (pour la petite histoire : pour 1.500 francs, et j'en revendrai pour 2.300 de pièces sans arnaquer personne, là où aujourd'hui le moindre bloc compteur de 302/402 est affiché 150/180 euros).
Quelques jours plus tard, je ramène l'engin (moyennant une crevaison -en charge- avec le plateau 2 essieux prêté par le copain d'un ami de mon père, mais sans roue de secours… Toute une histoire, mais ce n'est celle du jour). Je pose alors l'auto dans la cour chez mes parents à Parthenay. C'est le plus près.
Je mets ensuite cette 302 en pièces. Elle porte une plaque de propriétaire sur le tableau (obligatoire à une certaine époque) qui indique "Pignon frères à Vasles". Vasles est à quelques lieues de Parthenay : elle est donc revenue dans un secteur qu'elle a connu. Et en déposant le tableau de bord (ou ce qu'il en reste), je trouve dans les fils du faisceau à l'aplomb du cendrier central (dont le fond n'existe plus, ceci explique cela) des résidus de "tickets de place" pour le marché de … Parthenay.
Ah ah. Ca se précise.
C'est encore l'époque ou l'on peut obtenir gratuitement de l'Aventure Peugeot une attestation de date de sortie d'usine. Comme pour toutes mes autos, épaves ou pas, voire d'autres, trouvées dans les champs ou dans les bois, je demande le papier. Lorsqu'il arrive au courrier quelques semaines plus tard, ce n'est une demi-surprise. Cette 302 a été expédiée à sa sortie d'usine en octobre 1936 à Parthenay.
Et hop, on continue la chaîne. Me voilà parti aux archives départementales des Deux-Sèvres (les AD conservent les registres d'immatriculation antérieurs à 1950). Plongé dans le registre ad hoc, au mois d'octobre 1936, je cherche le 753.946 dans la colonne des numéros de série (c'est ce qui va le plus vite) mais je ne trouve tout d'abord pas trace de la voiture. J'élargis entre septembre 36 (date de sortie des 302 sur le marché) et mars 1937 : pas de 753.946. Etrange. Je reprends les pages en cherchant cette fois sur le critère 302 dans la colonne marque-modèle. Je finis par la trouver, avec une belle erreur matérielle : pour l'administration, cette 302 a toujours été la 752.946. Elle a été vendue à Théophane Pineau qui habite Le Tallud (à côté de Parthenay), immatriculation 4701 XL 2.
Pas de doute, c'est bien elle puisque son immatriculation originelle est au 31/10/1936, et l'attestation Peugeot indique le 30/10/1936 comme date de facturation par l'usine.
Elle est immatriculée le même jour que deux autres 302 vendues également à Parthenay. L'agent Peugeot de l'époque (où mon grand-père a travaillé, peut-être même à ce moment précis) a déposé les trois dossiers en même temps.
En fin de ligne l'auto est signalée vendue dans la Vienne le 24 avril 1939. Pas de problème, je glisse vers les Archives départementales de la Vienne que je connais encore mieux que celles des Deux-Sèvres à cause de mon parcours universitaire.
Je retrouve la 752.946 (l'erreur persiste évidemment puisqu'elle figure sur la CG et que personne ne va aller voir la frappe à froid sur la traverse avant) : son nouveau propriétaire est Georges Bazin à Vouillé. Elle devient 2601 ZH 3. Le registre ne mentionne pas un nouveau transfert avec retour dans les Deux-Sèvres. Cependant le 27 juillet 1950, on a une mention "non gagée" qui trahit une vente : si cette vente s'était faite dans la Vienne, on en aurait les détails dans le registre, et comme il n'y a rien c'est donc qu'elle est ressortie du département, sans doute pour revenir dans les Deux-Sèvres chez les frères Pignon à Vasles, puisque, entre Vouillé et Vasles, il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres. Mais comme cette vente se fait dans le nouveau système d'immatriculation (le FNI entré en vigueur quelques mois plus tôt), les registres ne sont pas à cette époque consultables (et toujours pas). On ne peut plus suivre l'auto avec certitude.
Ainsi, 60 ans après ses premiers tours de roues à Parthenay, et après quelques détours dans les départements limitrophes, cette 302 y est revenue pour y être dépecée.
Mais que vient donc faire-là cette histoire ?
Episode 2.
Lors du rasso à Moissac, le sieur Fabrice dit Phoz, me glisse une enveloppe avec deux bouts de papier qu'il a trouvé dans le break 1100 dit "La rustine" qu'il est venu chercher chez Arnaud dans la Vienne et sur lequel j'avais déjà repéré un autocollant "Parthenay radiateurs" et un autre d'un centre de contrôle technique Dekra également à Parthenay.
Et du coup, à l'issue de l'épisode 1, une image suffira. Voilà ce qu'il a exhumé des entrailles du break 1100 :
Et moi je dis "merci M. Phoz" car deux petits bouts de papier comme ça, moi, ça me fait un plaisir fou.....