En surfant hier soir sur le site agorastore, je suis tombé sur ça :
http://www.agorastore.fr/vente-occasion/immobilier/local-commercial/site-industriel-des-4-chevaliers-perigny-17-108225.aspx
J'allais passer mon chemin car j'avais consulté mon compte bancaire juste avant, et il me semblait que j'étais un peu juste pour réunir la somme
.
"Mais pourquoi nous parle-t-il de ça" se disent-ils ? J'imagine que vous êtes un peu juste aussi pour 21 millions d'€.
Parce que, m'apprêtant à passer outre, j'ai fait un pas en arrière arrêté par une hypothèse subite. Les complexes de ce genre en périphérie de La Rochelle ne courent en effet pas les rues.
Et bingo, il s'agit de l'ancienne usine Simca. En voici une histoire à grands traits, histoire dont la mise en vente du site par le département de la Charente-Maritime est une sorte de quasi-épilogue puisque l'usine avait été voulue par les pouvoirs publics.
(source : http://perignystory.e-monsite.com/pages/content/zone-industrielle/de-simca-a-triaxe.html)
de Simca à Triaxe :Dans les années 1960, Simca installa une unité de construction automobile à Périgny. Cette usine regroupait plus de 3 000 employés et faisait vivre un important tissu de sous-traitants industriels locaux.
Négociations :Dès 1964 la décision avait été prise d'installer à La Rochelle une usine d'industrie automobile, extension de la société SIMCA. Le choix de cette localisation était le résultat de longues négociations et d'un compromis entre l'Etat et la firme. L'État autoriserait la firme à construire de nouveaux locaux à usage industriel- au lieu de l'implantation parisienne- à la condition que la société consente à créer 1200 emplois nouveaux, dans une région où les problèmes sociaux étaient aigus.
La société pensait alors à une localisation soit en Basse Seine soit en Alsace, mais les pouvoirs publics s'y opposèrent et l'orientèrent plus particulièrement vers La Rochelle. Les études préalables entreprises par la firme l'encouragèrent à prendre effectivement une décision en faveur de cette dernière.
La société fut sensible à l'abondance de la main d'oeuvre disponible sur place, à l'ampleur de la zone industrielle spécialement aménagée pour son implantation, aux bonnes conditions techniques qui y étaient offertes, et aux larges possibilités d'extension. Ce fut sur le territoire de la commune de Périgny que l'usine s'installa.
En novembre 1964, on posa la première pierre de l’usine tandis qu’on annoncait la mort du fondateur historique de Simca (Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile), Henri Théodore Pigozzi. L'usine ouvrit ses portes le 1er septembre 1965.
L'usine fut inaugurée en janvier 1967 par Georges Pompidou (cliquez pour voir la vidéo et passez l'inauguration du salon nautique à Paris) , alors premier ministre .
Le 21 avril 1967, le magasin des huiles etait terminé (achèvement des travaux).
Production et producteurs :La solution finalement retenue était la décentralisation de la production de pièces détachées, fabriquées jusque-là à Poissy. Cette vocation s'est précisée lentement.
La production démarra en septembre 1965 mais le premier niveau de développement fut atteint au début de l'année 1968.
À ce moment-là l'usine employait 622 ouvriers spécialisés, 804 ouvriers professionnels, 137 techniciens et 9 cadres supérieurs, soit au total, si on ajoute le personnel de service : 1650 personnes.
La décision fut alors prise de doubler la surface de l'usine, ce qui fut un fait accompli en décembre 1969. À cette date, elle employait 1900 personnes et envisageait une progression de 250 par an jusqu'en juillet 1975, date à laquelle l'unité de La Rochelle atteindrait 3082 salariés environ.
Sa vocation était la fabrication des suspensions et des transmissions de toutes les voitures Simca. Les modèles étaient concus à Poissy mais les modalités de fabrication étaient mises au point à La Rochelle Périgny qui possèdait l'autonomie de la fabrication.
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Absorptions et licenciements :En avril 1970, Simca fusionna avec Matra et c’est Chrysler qui prit le contrôle des 3000 salariés, devint Chrysler France, et fut ensuite rachetée par PSA Peugeot-Citroën en 1978 et renommée Talbot.
Dans les années 1980, les conséquences du deuxième choc pétrolier et de la crise économique l'ayant accompagné allaient -selon certains, mais d'autres parlaient, déjà, de crise du système capitaliste- sinistrer l'économie rochelaise. Dès 1981 les effectifs retombaient à 2000 salariés. 386 licenciements furent effectués en 1985 et en 1987 il n'y avait plus que 950 salariés.
Le groupe Tersou fut appelé à la rescousse pour "sauver le potentiel industriel et maintenir l'emploi".
Le 15 juillet 1991, l'usine prit le nom de Triaxe et devint équipementier pour le groupe PSA. Elle comptait alors 544 salariés.
Liquidation :En réalité et malgré des bénéfices substantiels réalisés par le groupe Tersou, Triaxe restera une entreprise friable et condamnée dès le départ par ses dirigeants.
Le 22 février 1996, l'industrie automobile connaissait un épilogue douloureux avec la liquidation judiciaire de Triaxe Industries par le tribunal de commerce de La Rochelle.
Quant aux salariés, ce ne fut que le 8 juin 2005 que la cour de cassation aura mis un terme à treize années d'une procédure engagée par les 43 victimes du premier plan social...
Dégâts collatéraux ? :Par la suite, le terrain est devenu la propriété de la Communauté d'agglomération de La Rochelle, qui a engagé des travaux de dépollution du site, particulièrement pollué par des décennies d'exploitation industrielle automobile.
Les travaux de dépollution, effectués par l'entreprise Séché Eco-Industrie, ont duré plus d'un an (octobre 2005 à octobre 2006) et ont coûté plus de 500 000 euros.
Au total, 28 tonnes de dépôts noirâtres hydrocarburés, 227 tonnes de boues chargées de chrome, 21 tonnes de déchets huileux et 417 tonnes de béton et de remblais souillés par des polychlorobiphényles, particulièrement toxiques, en ont été retirés.
Retour à l’Ancien Régime ? :Désormais, le site reprend l’ancien nom du fief seigneurial des Quatre chevaliers.
Il voit l’implantation du centre de tri de la Poste et de l’entreprise de téléphonie SITEL. Les pompiers y édifient leur centre de commandement.
Au cours des travaux un site archéologique est mis au jour…
(Sources : en particulier, E. Strawczinski et J.M. Saunier, Recherches sur la localisation. Études du processus de choix de localisation des entreprises industrielles à l'occasion de leur décentralisation, Poitiers, juin 1969.)Il existe par ailleurs un film de 20 mns sur l’usine de Périgny tournée par Jean Lehérissey :
http://www.sudouest.fr/2010/11/08/quand-perigny-accueillait-simca-dans-les-champs-233376-1391.php
mais à défaut de savoir où le trouver (je vais quand même contacter le FAR pour voir), voici 5 minutes de JT en 67 (allez directement à 1:05) : le montage est curieux avec des passages muets et notez la salle de banquet totalement enfumée !! :
https://www.youtube.com/watch?v=AE04yaSSQH4