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Et ne t'inquiète pas pour les photos, tu vas finir par y arriver.

Et bien en réponse à Phoz, et au risque de me faire:couic: .... elle sera remisée sous un auvent, ce qui devrait limiter l'effet de la pluie hélas fréquente dans la nord ouest de notre beau pays, mais surtout elle va rouler et c'est ce qui peut lui arriver de mieux .Je voudrais tout de même faire quelques menues retouches de peinture à des endroits sensibles où la couche d'origine est un peu fatiguée.
Si un jour vous passez à Southhampton (porte d'entrée pour l'Autojumble de Beaulieu), il y a sur le port une Triumph de 1932 qui a été opiniatrement maintenue dans son état d'origine, c'est tout à fait remarquable si on considère que la carrosserie est faite de tôle clouée sur du bois.

Bonsoir,


Pour avoir eu la patience d'attendre 1 mois les photos, je vais vous raconter ma première vie commune avec une Simca 1100. les faits sont prescrits puisque cela a duré de 1987 à 1992, je sais donc qu'on ne peut plus rien me reprocher....C'est parti. Je vous préviens que c'est long, sans photos, et que ça vous paraitra peut être répétitif. Considérez cela comme un simple témoignage et si ça vous barbe, je ne m'en excuse d'avance. Je pense judicieux placer cette contribution dans cette section car ce long récit achève ma présentation.










En 1987 je passe le permis de conduire: 11 heures de leçons, le code raté une première puis l'examen de passage et j'ai enfin le précieux carton rose en poche. Mes parents m'ont ingénieusement motivé en me laissant payer tout ce que je ratais....j'avais donc pris le minimum d'heures et tenté de m'entrainer aux créneaux avec la Fiat 127 familiale. La scéance ayant fini dans un grillage, j'avais été prié de me concentrer sur les leçons données par le moniteur et de ne plus toucher à cette voiture, ce qui n'a pas facilité les choses. Mais bon, à l'époque on pouvait passer au travers des gouttes.Très franchement , à y repenser aujourd'hui, je pense que 11 heures seulement, c'était totalement insuffisant et fort dangereux. J'ai en fait surout appris à passer l'examen (tourne la tête pour regarder le rétro, l'examinateur doit te voir en train de le faire), à faire des créneaux en côte et autres c......ries sans nul rapport avec la conduite réelle d'un véhicule


Mon cousin étant fils unique , ses parents lui avaient acheté une SIMCA 1100 en 1981 ( une des dernières, une GLS gris Futura). Lui était fils unique, et moi j'avais 2 frères. A l'époque, l'annonce de cette nouvelle avait motivé le paternel à nous faire un petit discours de macro_économie qui pouvait se résumer par «  voilà ce qui ne vous arrivera jamais ».
C'était du reste parfaitement normal et nous avons du patienter et passer sans transition du vélo à la voiture sans aucune jalousie. Cette même année 1987, mon cousin commence à travailler et décide de changer de monture car il va devoir rouler beaucoup. Je l'aide à emménager et je reçois en échange sa voiture. Yesssss! Certes, elle n'est pas de ligne moderne, mais elle présente encore bien: 6 ans et même pas 100000 km au compteur, et pas une tache rouille.
En décembre me voilà motorisé. Je commence alors ma carrière de conducteur par une série d'erreurs de conduite monumentales qui corrigent rapidement mon inexpérience mais dont rétrospectivement je ne suis pas fier.


Première leçon: le rapport poids puissance.


Sur la route qui relie Autun et Nevers ( vulgairement appelée « La route à Mitterand » par les indigènes, car c'est une départementale plus large et plus belle que la nationale voisine, sur laquelle elle a du reste plusieurs fois priorité durant son parcours....mais elle passe par Château Chinon!) j'essaye de doubler un camion à 60km/h et en IV ème.... vous connaissez tous l'impressionnant rapport poids/puissance de notre engin favori... donc j'appuie à fond sur l'accélarateur et... rien du tout ! Un quidam qui surgit bêtement en face de moi, et dont je frôle le pare choc en me rabattant à l'ultime instant, me traite de tous les noms. 200 mètres après je stoppe pour méditer sur les capacités d'accélération d'une voiture à moteur... et je pisse un grand bol !Putain, quelle trouille! Tout ce qui ne nous détruit pas nous rend plus forts, dixit Nietsche, une heure plus tard j'avais repris la route mais pas oublié la séquence. On m'avait simplement expliqué pour le permis qu'il fallait rouler en IV ème à partir de 60km/h.....




Deuxième leçon: le transfert de masse.


C'est l'hiver et il neige. Considérant que je ne roule pas vite ( et c'est vrai je respecte scrupuleusement le 90km/h qui décore la malle arrière, preuve que c'est de la foutaise et que ça ne suffit pas à se prémunir du danger) je prétends négocier les ronds points à la même allure que sur du sec. Après 90° de giration du volant, averti par un début de glissade à l'extérieur, je relache brusquement le pied de l'accélérateur ...et j'effectue immédiatement un tête à queue magistral! Par chance l'épisode s'est déroulé un samedi sur une zone industrielle déserte. Cette fois je retiens l'avertissement, et je commence à bien aimer une voiture qui pardonne ce genre de bourdes. Ma seule déconvenue ultérieure ce même hiver sera constituée par un stationnement sur un bas côté qui s'avera être un fossé comblé de neige fraiche...d'où une soudaine perte d'altitude du coté passager. Par chance nous étions 5 à bord, mais j'avoue que les pousseurs n'étaient pas très efficaces tant ils se tenaient les cotes de rire....




Troisième leçon: le mieux est l'ennemi du bien.


L'été suivant je suis en stage et bloqué à la maison en Juillet/Aout. Que faire d'intéressant un 14/7 quand on ne peut pas trop s'éloigner ? Changer le joint de culasse bien sûr, c'est tentant car j'en possède un d'avance, qui faisait partie de la dotation de pièces détachées fournie avec la voiture., et certainement instructif. C'est parti: démontage, changement de l'organe incriminé (en parfait état, bien entendu), décalaminage des culasses puis remontage. Aie, je n'ai pas repéré les cables d'allumage.... Mr Rta m'explique que c'est pourtant facile: ordre d'allumage 1, 3, 4 ,2. , plus plus bête que ça. Je misère, je recable enfin puis j'essaye de redémarrer. Gargouillis.... puis rien. Je me penche alors d'un air concentré sur le carbu ( j'avais démonté le capot pour un meilleur accès et j'utilisais un démarrage à distance) et je renouvelle l'essai avec une bonne rasade de start pilot pour faire bon poids. Hélas j'ai tout cablé à l'envers et la bougie s'allume lorsque les soupapes d'admission sont ouvertes! Une flamme du plus bel effet jaillit par le carbu et me crâme les cheveux (j'en avais bien plus à l'époque, et ils repoussaient...). Pas de panique, nouvelle consultation de la RTa à tête reposée (ou plutot refroidie) et tout s'arrange....sauf mon apparence.




Comment perdre 3  heures pour avoir voulu la lire.


Les GLS ont une montre au tableau de bord. La mienne était arrêtée et ça me chiffonait. Mais comment atteindre l'organe engoncé au milieu du tableau de bord.? J'entamme un beau jour un démontage en règle du tableau de bord ,et je tombe la garniture en mousse, le combiné, puis l'espèce de feuille de plastique qui porte le circuit imprimé et qui est derrière. Quelques petites ampoules grain de riz un peu faiblardes à mon goût sont changées puis je parviens enfin à dévisser la montre. Alimentée en 12V sur l'établi, la troteuse tourne et me nargue. Je remonte le tout: elle ne tourne plus! Je bricole alors un shunt jusqu'à un +12V détecté au voltmètre et je recable. Contact, fumée, le circuit imprimé qui alimente la montre s'est volatilisé. M.....e!
Je vais alors à la casse la plus proche. Le maitre des lieux se nommait M. Garcia. Entouré de chiens dont le plus menu devait peser 50kg, il aurait pu dégraisser un moteur plein de cambouis à 1 mètre de distance rien qu'en soufflant dessus...Discussion, une 1100 bien fatiguée sert de donneuse d'organes mais c'est une GL et elle n'a pas de montre. Je fais tout de même affaire pour 50,00 Francs le plastique c'est pas cher!) , et redonne une apparence convenable à mon tableau de bord. La montre termine sa carrière dans la poubelle et j'essaye d'oublier à quoi peut ça peut être utile dans une voiture.




La voiture amphibie


Printemps = pluie en Bourgogne. A quelques kilomètres de la maison, suite à une forte averse, l'eau a débordé des égouts et, sous un pont, la route est inondée. Il y a bien 25 ou 30 cm d'eau bien crade. Je m'arrête et commence par regarder passer les autres....ça semble bien le faire, mention spéciale pour un conducteur de GS qui passe en position haute et traverse à gué avec un petit sourire en coin . Je me lançe... Vous savez que nos chères 1100 ne sont pas spécialement aerodynamiques. Et bien sachez qu'elles ne sont pas non plus hydrodynamiques! Je suis très vite renseigné par l'apparition d'une gerbe liquide particulièrement majestueuse qui me précède, puis me ralentit...puis me fait caler...me voilà planté au fond de la cuvette! La garde au sol généreuse m'évite temporairement un bain de pied, mais il faut bientôt mettre pied à terre, c'est à dire sous l'eau. Sous le capot, le diagnostic est rapide: la vague est remontée le long du moteur et a noyé puits de bougies et allumeur (la saleté de capote qui le recouvre et qui est censée le protéger des projections en est gorgée). Une bonne âme s'arrête, partage le diagnostic et m'explique doctement qu'il faut attendre que ça sèche mais que ça repartira car c'est une bonne voiture, la preuve il en a eu une...il y a lontemps. Puis il tourne les talons et m'abandonne à mon triste sort! Je suis tout de même préoccupé par ma situation scabreuse, je bloque la chaussée, pour l'instant déserte car ma situation pitoyable , capot levé et pot d'échappement noyé, décourage les tentatives desamateurs de baignade mais la pluie a cessé et la circulation va bientôt reprendre.avec moi au milieu. Je rentre alors à pied à la maison et je reviens avec la Fiat 127, de ma mère, 2 sangles en cuir et mon plus jeune frère, qui a 15 ans et donc pas le permis. Nous nous mettons en devoir de remorquer la Simca avec la Fiat (sans barre de remorquage, sans permis....etc....). Une Fiat 127 pèse 700kg pour 45 CV DIN, la 1100... ben vous le savez tous, la partie s'annonce donc difficile! Première tentative de décollage: la Fiat effectue un saut de crapaud vers l'avant, étire les sangles puis repart aussitôt en arrière. Je freine juste à temps pour éviter le choc. Coup d'oeuil dans le rétro, je vois le frangin cramponé au volant de la 1100 et visiblement très crispé. No panic! Deuxième tentative, en faisant cette fois copieusement cirer cirer l'embrayage, ouf, ça décolle. Il ne reste qu'à faire 5km, et première leçon de conduite gratuite pour mon frère qui heureusement ne s'en vantera pas. ..Les virages sont tout de même un peu sportifs, les rayons de courbure des deux véhicules n'ayant JAMAIS pu coincider durant tout le trajet de retour. Arrivée à la maison, séchage , puis ça repart. Moralité: un accessit pour la Fiat, Gracie Mille signor Agnelli!




Position « confort du chat ».


J'emmène le matou de la maison se faire vacciner. Dans ces cas là les gens organisés rangent soigneusement le félin dans un joli panier et tout se passe bien. Grands lecteur du manuel d'utilisation de la 1100, vous savez qu'une des positions des banquettes plage arrière, destinée à illustrer la modularité su véhicule, était baptisée du nom pompeux de « confort du chien ». On voit sur le dessin correspondant un sympatique setter ( ou un épagneul?) sagement assis dans le coffre et la truffe reposant sur la banquette arrière, sage comme une image. Oui mais voilà , si les chiens ne font pas des chats, les chats ne sont pas non plus des chiens. Peu à l'aise dans sa cage, l'infame bestiau s'évade après quelques kilomètres et va se s'aggripper sur la moquette mvec l'adhérence d' un morceau velcros , exactement sous le pédalier. Impossible de freiner ou de débrayer sans le couper en deux! Je poursuis ma route et j'arrive chez le véto avec 20' de retard, en troisième et disque d'embrayage bouillant. Les feux rouges ont été « négocié » avec le maximun de discrétion. Plus tard le chat se vengera en se faisant les griffes sur la plage arrière. Bel démonstartion de souplesse du moteur mais vive les chiens tout de même.




Brève apparition de la radio.


Mon cousin avait fait monter un autoradio (accesoire luxueux et donc pas de série à l'époque) par un garagiste de campagne qui avait pratique deux trous de fort diamètre dans les garnissages de porte pour y loger les hauts parleurs. Visiblement peu instruit de l'utilité d'une feuille d'étanchéité, il n'avait pas cru nécessaire de les protéger de l'eau. Or comme vous le savez, l'intérieur d'une porte est constamment traversé par de l'eau.! Après 5 ans d'utilisation à Grenoble et plusieures douches, la membrane des hauts parleurs avait aquis la consistance du carton bouilli avec des effets secondaires bien entendu désastreux sur la musicalité de l'ensemble. Après un faux diagnostic qui m'avoit fait pratiquer un changement de radio parfaitement inutile, et qui avait consommé le budget qui m'aurait permis de changer les hauts parleurs, j'ai fini par tout démonter et affecté par la suite de snober l'intérêt de la musique en voiture. Il faut dire que le niveau sonore de la 1100 ne la prédispose pas à être un lieu de concert , je ne pensais donc ne pas perdre pas grand chose. Mais j'ai la rancune tenace, et cette histoire m'a poursuivi logtemps, j'ai acheté ma première voiture avec une radio cette année seulement!




Joies du carburant ordinaire.


Ma voiture était censée tourner l’ordinaire, équipée d'un moteur 3E1A / 50 CV DINdécomprimé et permettant l’utilisation d’un carburant à indice d’octane 92. Ceci résultait d’un calcul technico – économique fumeux en espérant que la consommation plus forte (pour garder les mêmes prestations il fallait appuyer plus fort sur la pédale d’accélérateur) serait plus que compensée par la différence de prix. Dans la réalité, il y avait effectivement une légère différence de coût à la pompe, mais bien moins perceptible que la perte de chevaux engendrée par ce détail technique. De facto, je n’ai jamais pu dépasser 115 ou 120 km/h en pointe et j’ai réalisé lorsque j’ai acheté la suivante, une 205 GR à peine plus puissante mais bien plus légère, à quel point ma voiture était molle en reprises. J’ai donc pris l'habitude de l'alimenter au super mais j'ai tout de même eu l’occasion d’apprécier cette particularité lors de la grève des routiers de 1992 (juin ou juillet 1992, je venais de commencer à travailler, le pittoresque porte-parole des routiers s’appelait Tarzan si vous vous souvenez et je crois que le motif était l'appartion permis à points... avec très peu de points!) . Bref, ils avaient foutu un b…el monstre comme ils savent si bien faire, et il n’y avait plus de carburant dans les stations-service. Je me rappelle avec délectation avoir alors doublé un jour toute une file de voitures qui faisaient la queue devant un poste à essence pour me planter devant la pompe d’ordinaire, bien délaissée à l’époque, puis remplir mon réservoir en sifflotant.
Oui je l’avoue, c’est très laid de ressentir de la joie en pareilles circonstances, mais une fois de temps en temps……




La drague.


Ce chapitre sera court. A supposer que la possession de tel ou tel modèle de voiture puisse favoriser les projets d’un dragueur, la Simca 1100 ne fait définitivement PAS partie de son arsenal … En 1987, c’était un véhicule démodé et fréquemment en mauvais état, bref rien qui puisse vous valoriser d’une manière ou d’une autre aux yeux du beau sexe, un truc de looser, quoi. Le mieux était alors de jeter son dévolu sur une proie qui partage votre déchéance automobile en roulant elle-même dans un vieux clou …..ou plus simplement, qui s’en foute ! Ma route a croisé une fois une jolie conductrice de Renault 5 des années 70, comme elle….par la suite, nous n’avons pas vraiment beaucoup parlé de voitures…










Panne d’embrayage.


Récit de la panne la plus stupide qui me soit arrivée : il y a un grand rond-point au Sud de Chalon sur Saône, toujours encombré. Je l’aborde en confiance, j’ai maintenant la voiture bien en mains et je pense avoir fiabilisé la voiture. Soudain plus d’embrayage ! La pédale n’oppose aucune résistance. Arrêt, warning, inspection : le tuyau qui part du cylindre de commande de l’embrayage est déboité. J’aperçois une pauvre petite chose noire enroulée autour du tuyau : c’est le joint qui vient de passer de vie à trépas. Je ne pensais pas qu’une panne pouvait être provoquée par une pièce aussi petite (moins d’un centimètre cube)…. Le magasinier du garage m’en a du reste fait cadeau.




Le câble de démarreur trop court.


Les routes départementales françaises sont réputées pour leurs bosses. La conjonction d’un profil accidenté et d’un bon amortissement de la voiture permet d’obtenir un peu de fun au volant, faute de pouvoir en espérer grâce à des reprises foudroyantes ou une vitesse de pointe flatteuse. J’avais pris l’habitude d’aborder à une vitesse disons, ambitieuse ,deux ou trois sections du trajet que je faisais chaque semaine pour aller étudier. Bien entendu, en pareil cas, on se prend au jeu et on passe de plus en plus vite à chaque nouveau passage. Une fois je finis par mettre la suspension en butée, ce qui en provoque un atterrissage un peu viril. Rien de plus grave que cela cependant, et je continue ma route sans y penser. Arrêt, parking. Le lendemain, impossible de démarrer. Panne de batterie ? Non, car les phares fonctionnent. Mettant l’incident sur le compte de l’humidité je me fais pousser par quelques copains et repart. Arrêt suivant, nouveau démarrage, moteur chaud cette fois, et même problème. C'est donc autre chose ! Je me glisse sous la voiture pour observer le démarreur, je pense au coup du petit coup de marteau pour débloquer le solénoïde….mais ce n'est pas la solution. Finalement j’aperçois le fil de commande du solénoïde qui s’est débranché. Le faisceau est fixé sur la caisse et le brin d’alimentation du solénoïde est court, très court, trop court. C’est à ce moment que je me rappelle qu’un moteur n’est pas fixé rigidement par rapport à la caisse mais via des silentblocs. Ma séance de saute-mouton de la veille a du provoquer un grand mouvement relatif du moteur par rapport à la caisse et le câble s’est débranché tout seul…Solution simple, rajouter 30mm de câble et deux cosses pour ne plus jamais en entendre parler du problème.




Malheurs dûs au manque d’entretien.


Je commence maintenant à rédiger un très long chapitre qui va m’amener presque à la fin de l’histoire. La notion clef qui permet de comprendre tout ce qui va suivre est le manque d’argent. En 1990 je dois effectuer mon service militaire et je me retrouve marin à terredans la bonne ville de Brest, aspirant dans une espèce d’atelier de éparation. La région me plait énormément et je roule beaucoup. Le Larousse nous apprend qu’un soldat est celui qui perçoit une solde. Je m’interroge encore sur cette la validité de cette définition puisque à l’époque, un appelé recevait chaque mois la majestueuse solde de 500,00 F , logé et nourri certes, mais pas très bien.
Mon budget est donc maigre, j'ai juste de quoi aller siffler quelques bières dans les nombreux bars de la ville, et encore ma monture , qui boit bien plus que moi, me fait une rude concurence… bref, durant une année, j’arrête toute forme de maintenance sur la voiture par manque de moyens.
C’est le début d’un enchainement de dégradations dont voici le fil ;

• Un cardan commence à ch…er toute sa graisse. Devis, soupir de résignation et réparation système D : entaille dans le soufflet, injection de graisse à la seringue et rustine sur le soufflet (ne riez pas, c’est du nitrure de butyle, comme une chambre à air… simplement ça tourne et c'est soumis à de plus fortes contraintes…..). Evidement la rustine se décolle peu après et, soumis inexorablement à la force centrifuge, la graisse achève de fuir.
  
• Au fil des kms, je me mets à percevoir des vibrations dans le volant, puis un bruit dans le train avant. Sur toute autre voiture, le bruit m’aurais alerté avant les vibrations, sauf que dans le cas d’une Simca 1100, le niveau sonore moyen ne laisse aucune chance : on détecte le phénomène trop tard.
  
• Peu de temps avant de regagner la vie civile, je finis par prendre conscience qu’un roulement avant est écaillé et qu('il faut faire quelque chose…l'achat du roulement est dans mes moyens, je l’aquiers chez FAP (du low-cost avant l’heure…la plus mauvaise qualité de pièces qu'on puisse trouver en France, et ils existent encore!) et je le fais monter en douce par les mécanos de l’atelier hydraulique, moyennant une bouteille de Chivas Régal (nous sommes en Bretagne ne l’oubliez pas…). Je récupère la fourniture d'origine extraite du moyen AVD et constate que 3 rouleaux sont piqués ou écaillés. Manque de lubrification,mort du roulement, CQFD ! Je me crois sorti d’affaire.
  
• 2 mois plus tard, libéré de mes obligations militaires et en pleine recherche d’emploi, lors d’une manœuvre sur un parking je suis étonné dès le premier quart de tour du volant que l’effort de braquage soit très faible un autre péché mignon de notre élue). Un quart de tour plus tard ,apparition d’un bruit étrange genre coup de scie, qui accompagne le mouvement. ?????? Je démarre. Immédiatement je perçois que la tenue de route n’est plus la même et dès le premier virage la sensation est catastrophique : la voiture serpente, tord du cul et ne reproduit absolument pas le mouvement demandé par son conducteur. Je m’arrête et j’inspecte : la biellette de direction côté droit est constituée de deux parties (tige filetée dans un tube taraudé , pour régler le parallélisme et du côté droit (tiens le côté droit, ça vous rappelle quelque chose ?) et elle est en train de se déboiter ! La maladie est grave car c’est le filet lui-même qui est bouffé, la tige ne mord donc plus dans le taraudage et sous l’effet des efforts exercés par la crémaillère, elle choisit elle-même la position qui lui plait.
  

Encore sous le coup de mon expérience récente de marin je décide de réparer immédiatement avec les moyens du bord, c’est-à-dire de l’Araldite… la bonne grosse réparation de fortune, quoi…Je vois des cheveux se dresser sur les têtes… Pour info dans mon métier d’aujourd’hui, je colle tous les jours des pièces de carrosserie pour Lotus ou Aston Martin avec ce genre de colle et ça tient très bien. .. Mais ça ne se pratique pas sur le bord d'une route.
Revenons à nos 1100. La colle sèche et ça tient jusqu’à la maison où j’ai le malheur de me vanter de mon exploit. Plusieurs jours après. Grossière erreur ! La voiture est immédiatement mise sous séquestre par le paternel et poussée au fond du garage. Je dois rendre les clefs (les 2 jeux….il y a pensé!) et reprendre piteusement mon vélo pour aller chercher un boitier de direction chez mon ami le casseur à l’haleine qui tue. Il m'est clairement précisé qu les clefs ne me seront rendues que sur présentation des pièces incriminées….
Encore aujourd’hui, je peux vous assurer de mémoire qu’une Simca 1307 a une voie avant plus large de 25 ou 30 mm que celle de la 1100. Le boitier de crémaillère en fonte d’aluminium est identique, ce qui fait qu’on peut 1/ se gourer lors de l'achat 2/monter la direction sur la voiture avant de se rendre compte que les biellettes sont désespérément trop longues, même vissées à fond. Cela m’a donc valu 2 allers retours chez M. Garcia avant de pouvoir monter cette p….n de direction, dans l’énervement j’ai à un moment réussi l’exploit d’avoir une voiture avec 2 tours de volant en butée à G et 3 tours à droite…. . Le temps passé à cette opération m’a permis de méditer sur la cause du désastre : les vibrations du roulement HS ont provoqué sans doute un desserrage du contre écrou de la biellette, puis l’usure par frottement des filets de cette dernière dans le tube… une vraie machine à coudre cette voiture!

• J’en profite pour changer l’arbre de transmission qui avait « un peu » de jeu.  Du jeu, tu parles ! C’était un joint tripode dont les galets tourillonnaient sur une pièce en forme d’étoile à 3 branches. Après démontage j'attaque l'arbre à la disqueuse et je constate que la section des tourillons a diminué de moitié. Je dois l’avoir gardé quelque part. En souvenir de mon inconscience.Cela dit, après tous ces travaux ruineux, je pense être au bout de mes peines.
  
• 2 mois plus tard, j’ai enfin commencé à travailler. Je suis logé au foyer des jeunes travailleurs de Beauvais, qui n’est pas un endroit très réjouissant pour rester le WE. Les ennuis récents de ma monture m’incitent à la ménager, j’ai donc décidé de ne pas rentrer en Bourgogne pour le 14/7 ( jour décidement fatal pour moi) mais d’aller au Tréport, balade classique des beauvaisiens en été. A un moment une déviation barre la route et me force à emprunter le réseau secondaire (ou plutôt tertiaire, vu son état) et là c’est l’apothéose : aprè queqlues kilomètres de route bosselée, la roue AVD se couche sous la voiture. Seules les Citroën peuvent rouler sur 3 roues, et encore il faut un peu tricher pour que ça se passe bien et enlever plutot la roue côté conducteur pour faire la photo .Dans le cas présent ça se passe bien entendu très mal. C’est la rotule inférieure de fusée qui s’est déboitée, la fusée a été chassée vers le haut, l’arbre de transmission a suivi et est sorti du carter de pont, libérant l’huile de la transmission qui s’est répandue sur la chaussée. La roue, montée dans l’aile, un peu comme le train d’atterrissage d’un avion qui rentre dans le fuselage (coup de chapeau involontaire à Georges Héreil ?), l’a copieusement déformée. Le triangle inférieur, toujours accroché à la caisse et sous l’effet de la barre de torsion a tout de même eu la bonne idée d’aller vers le bas et a servi de 4^ème point d’appui à la voiture tout en laissant une profonde saignée dans l’asphalte.
  Coup de bol dans mon malheur, tout ceci s'est déroulé à 80km/h et la voiture a conservé une trajectoire a peu près droite, et surtout, personne n’est venu en face.
  Bilan: un remorquage, une engueulade des gendarmes pour ne pas avoir mis les warnings ( j’ai sournoisement accusé ma voiture d’être trop vieille pour en être équipée, d’où une deuxième engueulade pour ne pas avoir de triangle de signalisation dans le véhicule…), une semaine d’immobilisation chez un garagiste qui ne me rendra les clefs qu’après lui avoir signé une décharge, la journée du 14/7 passée dans un garage et une facture pas du tout prévue. Cette fois j'ai envie de changer de voiture , oui mais voilà je travaille depuis 2 mois et je n'ai pas un radis.
  

The End


Un matin d’octobre 1992 je pars au travailler comme tous les jours. J’ai environ 20km à parcourir (fini le foyer des jeunes travailleurs, je loue un petit logement désormais), tout se passe normalement durant le trajet aller. Je me gare sur le parking de l’entreprise mais le soir, au moment de démarrer, le démarreur est muet. Il commence à faire nuit et je ne vois en première analyse rien de suspect sous le capot. Je pense aussitôt à une faiblesse de la batterie et je demande à un cariste de s’approcher. Il y a des dizaines de kg de batteries dans ces engins, ça devrait marcher et me permettre de démarrer. Deux câbles sont branchés sur la sortie +12V, je donne un coup de clef et malgré cela rien ne part. Les câbles sont bouillants, preuve qu’un ampérage considérable les traverse. Je passe une vitesse pour essayer de faire virer un peu le moteur et c’est là que je me rends compte que le moteur a serré et que le vase d’expansion est vide.
Je sors la jauge à huile : plus une goutte . Ben voilà , c’est aussi …on que ça, et la voiture partit à la casse le lendemain… je me souviens que j’ai dû insister pour ne pas devoir PAYER la mise en épave en arguant du fait que le réservoir était pratiquement rempli, c’est vous dire à quel point elle était la bienvenue !
La semaine suivante je souriais au volant d’une 205 d’occasion achetée entièrement à crédit, ( 2 ans de remboursement à 13,5 % de TEAG , sur le coup je n’avais pas compris totalement ce que ça signifiait… ) en échange de 20000,00 F aimablement prêtés par ma banque sur la foi de mon beau CDI tout neuf. La Simca avait 11 ans et pas tout à fait 188000 km au compteur, c’était tout à fait honorable pour une conception des années 60.






Ouf, j’ai vidé mon sac. Alors que conclure de tout ça ?

• On s’amusait bien sur la route il y 25 ans, malgré déjà des limitations de vitesse et des alcotests mais sans les radars automatiques, sans les points de permis à surveiller, sans trop de ronds-points ni de ralentisseurs pour casser la moyenne, et sans contrôle technique (pour le meilleur comme pour le pire) .On pouvait surtout passer au travers des gouttes de nos chères lois, nombreuses mais pas appliquées aussi rigoureusement qu'aujourd'hui.
  
• A mes débuts de conducteur, j’ai conduit comme un pied pendant au moins 2 ou 3 ans et je n’avais en plus aucun feeling mécanique. C’est avec cette voiture, qui était étonnement robuste pour résister à tout ce que je lui ait fait endurer, que j’ai pu me corriger.
  
• Alors maintenant vous comprenez pourquoi j’ai eu envie de racheter une Simca 1100, et aussi pourquoi je ne me soucie pas trop qu’elle couche dehors. J’ai confiance en elle, un peu de rouille ne me fera pas peur.
  

Mon bon Jean-Marc...     

Ceci est quasiment une confession.
Souvent je pense que les forums sont une sorte d'ersatz de canapé de psy... Nous n'en sommes pas bien loin, là.

En tout cas bravo pour ce récit. Long peut-être mais j'ai tout bien lu. Je pense que je passe souvent pour un bavard parce que je ne lésine pas sur les phrases, mais là, tu m'en bouches un coin. Je parie que ce message est le plus long jamais posté sur ce forum (sans photos).

Nous avons fait notre service la même année (je l'ai commencé à Coëtquidan, puis un régiment de chars à Laon - mais moi je conduisais la 305 du colon - avant de revenir à Poitiers)... mais je ne sais pas si je serais capable de faire un compte-rendu aussi précis de mes pérégrinations automobiles des premières années (première auto en 1984 : une 203). Quoi que, en réfléchissant un peu, peut-être... Il y a pas mal de bribes qui remontent subitement. Il suffirait donc de chercher...

Le petit joint du tuyau d'embrayage, aujourd'hui, faut le trouver (il n'est même pas systématiquement fourni avec les émetteurs ou les récepteurs neufs)...

Et un bravo bis pour la parfaite maîtrise de l'orthographe et de la grammaire...

Bravo.
Cela me  rappelle mes déboires  avec  ma ES depuis 15 ans, sauf  que cette saloperie n'a  pas dû  parcourir 500 km !

Hello Jean-Marc...!   

Moi...je voudrait la même histoire...mais avec les photos qui vont bien...!   

Un grand merci de nous faire partager ces moments inoubliables.  

Tu as les félicitations de notre ami Jean-Pierre...cela vaut bien un premier prix de littérature sur le forum...!

Les souvenirs ont ressurgi au fil de l'écriture , je ne pensais pas au départ être aussi disert. Et puis je ne confesse finalement pas grand chose de grave.... Moralité de mon histoire: soyons sympas avec les petits jeunes que nous croisons aujourd'hui au volant, ils sont peut être condamnés aux mêmes pirouettes que moi pour maintenir à flot une 206 ou une ZX dans un état de décrépitude avancé. Cela dit on pourrait inaugurer une rubrique " vos meilleurs souvenirs en Simca 1100" dans le forum, il y aurait j'en suis sur une grosse apparition de bribes... ça devait faire baver bien du monde, de leur passer sous le nez en 203.
Maintenant je vais me mettre un peu en sommeil mais je me suis donné une mission: mon employeur a racheté l'an dernier le site Matra de Theillay (là où les pièces de carrosserie étaient fabriquées) , et je vais regarder dans le bâtiment où sont stockés les anciens outillages si il ne reste pas un ou deux moules de l'époque Rancho. Nous produisons encore de la pièce de rechange pour l'Espace série 1, 2 et 3 alors on peut rêver. A bientôt.

jean-marc a écrit:

Maintenant je vais me mettre un peu en sommeil mais je me suis donné une mission: mon employeur a racheté l'an dernier le site Matra de Theillay (là où les pièces de carrosserie étaient fabriquées) , et je vais regarder dans le bâtiment où sont stockés les anciens outillages si il ne reste pas un ou deux moules de l'époque Rancho. Nous produisons encore de la pièce de rechange pour l'Espace série 1, 2 et 3 alors on peut rêver. A bientôt.

Ah oui, quand même.   

Alors Sotira SPPP ??? from Sora Composites
(Société de Transformation Industrielle de Résines Armées / Société de Peinture de Pièces Plastiques)

Si tu  trouve une  matrice  de  feux arrière   ou  de rétros Murena, c'est sympa  aussi !

Nous attendons très vite de tes nouvelles "découvertes" à Theillay...!

Merci à toi Jean-Marc pour cet excellent moment de poésie!! 
Nous avons pu grâce à ton récit faire un bon en arrière, un retour savoureux et en douceur dans le passé, à l'image des instants délicieux durant lesquels nous prenons précautionneusement la route au volant d'une ancienne, quelqu'en soit la marque (mais de préférence Française!!).
En lisant ta prose (empreinte d'humour fort appréciable..), tu nous as permis de faire rejaillir des souvenirs précieux du temps des 30 glorieuses, de l'époque insouciante où un rien nous rendait heureux!!
C'est aussi pour celà, que je bricole sous mon Hirondelle, dans mon cabanon, pour celà que je prends un malin plaisir à retrouver les copains autour d'un café en discutant "sixties"!! (comme aux Remparts  encore cette année après des nuits bien courtes en rêvant à la ballade du lendemain!!)

Philippe:hehe:

Pour Argad: SORA a vendu en juillet de l'an dernier à Faurecia.... L'ancien site Matra appartient désormais à une filiale de PSA.

Merci pour cette mise à jour... De toute façon, c'est juste pour alimenter la culture générale sur Matra bien sûr (pas de flicage  .)

Faurecia, ça me cause parce que j'ai vu ça inscrit quelque part sur des pièces de 807 lors de mes démontages-recherches de pannes...

excellent récit Jean Marc, je l'ai lu sans m'ennuyer, comme si j'y étais!

Bonjour tout le monde,
Quelques nouvelles de l'usine de Theillay, je vous l'avais promis: pour aller à l'essentiel, rien de bon pour nous, tous les outillages antérieurs à la période matra Espace ont été cafutés ou sont restés à Romorantin lors de la vente du site à Venture composite au début des années 2000  .