Ca fait un petit moment que je voulais vous parler des agendas Dunlop !!

Alors j'ai pris ma plume (électronique)...

Il y a bien longtemps, un peu par hasard en achetant les premiers pour des sommes que nos gouvernants actuels ne peuvent même pas concevoir qu’elles aient pu avoir un « sens » marchand (quelque chose comme 2 francs soit 0,30 €) j’avais entamé d’aligner (je ne dis pas collectionner car au départ de l’action, on ne sait pas si ça va aller loin) les agendas Dunlop d’une part et les guides rouges Michelin d’autre part.
Pour ces derniers, très vite il est apparu qu’il fallait investir le prix d’une auto pour chaque exemplaire. Je n’ai pas dit le prix de quelle auto, mais le prix record pour le premier guide daté de 1900 est de 22.000 … €… pas francs et hors frais s’il-vous-plaît, c’était en 2015, (le précédent en 2013 avait fait 19.500 €) alors il y a longtemps que j’ai abandonné. Mon plus ancien est le 1910, acheté pour 10 francs chez Emmaüs et qui cote actuellement autour de 350 €… puis j’ai quelques années d’avant-guerre et d’autres sans grand intérêt (en dehors du contenu qui peut s’avérer utile parfois).

En revanche, bon an, mal an, j’ai persisté sur les Dunlop en admettant de passer de « deux francs » à 10/12 € parfois (et encore je ne prenais que ce qui semblait raisonnable en prix), et depuis peu après avoir admis de mettre jusqu’à 15 € dans les derniers achats, je peux revendiquer d’avoir la série complète.







Selon les quelques informations que j’ai pu recueillir et croiser, le 1924 est le premier et le 1984 le dernier, sachant que les éditions 1941 à 1945 n’existent pas (en toute logique), ce qui fait 55 volumes. Les éléments qui permettent de stabiliser ces dates de début et de fin sont les suivants :

1- Une recherche Google « agenda Dunlop 1923 ou 1922 » ou alors à l’inverse 1985 et autres ne sort rien de probant, uniquement des ré-orientations vers d’autres dates ou alors sur l’année recherchée vers des agendas d’autres marques et enseignes. Je n’ai jamais croisé de 1923 ou antérieur. Cela va dans le même sens.

2- Le début d’un article trouvé sur le Net, paru dans une revue dédiée aux objets publicitaires (Pictavia, n° 24), évoque une parution des années 1920 aux années 1980 :



3- Les lots 287, 388, 389 et 390 dans cette vente de 2016 … :

http://www.vasari-auction.com/html/index.jsp?id=26968&np=1&lng=fr&npp=20&ordre=2&aff=5&r=

…sont constitués à partir du 1924 et jusqu’au 1984.









Il me manquait encore ces derniers mois le 1934, le 1978 et le 1983 que j’ai donc rentrés récemment afin d’en finir avec cette collection.


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Ces agendas étaient produits par Dunlop mais souvent distribués ensuite par des revendeurs de pneus ou de pièces auto. Ils contiennent donc souvent la dénomination du distributeur. Elle se trouve à l’intérieur pour les plus anciens qui présentent un extérieur neutre :


A partir de 1931, les extérieurs deviennent illustrés et certains portent la mention du distributeur en couverture ce qui devient systématique de 1936 à 1940.


La mention du distributeur disparait de 1946 à 1952. Elle réapparait en couverture en 1953 pour y rester de manière durable.
Notons que le 1924 ne contient pas cette mention du tout, ni en interne ni en externe (première édition, rodage !!)
Certains des exemplaires d’avant-guerre sont simplement marqués « offert par la société des pneumatiques Dunlop ».
Mon 1926 a quant à lui été offert à un client par une société de Marrakech, et le 1937 fut un cadeau des établissements Baratin à Alger (hasard de la chine en brocante !!).
Le 1932 a transité par les établissements Union-Auto (sans lieu !!). Le 1938 est passé par chez Berty Bacouet - cycles et autos – lieu inconnu (couverture endommagée). Sur le 1940, l’emplacement dédié est resté vide :


Par la force des choses j’en ai plusieurs qui ont été offerts par des établissements charentais notamment le garage Berliet d’Angoulême, les établissements Lacombe, ou par la maison Barrouilhet, garage mythique de la nationale 10 au cœur d’Angoulême au croisement des axes nord-sud et est-ouest (Limoges – Atlantique), dont la friche industrielle va bientôt être détruite :


alors qu’au temps de la gloire c’était un garage modèle :


Plus d’infos :
http://nationale10.e-monsite.com/pages/un-mois-un-lieu/03-2016-le-garage-barrouilhet.html

Les illustrations font la part belle aux pneus et à tout ce qui touche aux transports mécaniques…

On notera que si l’utilisation d’une image féminine dans la publicité automobile n’est pas nouvelle, cette démonstratrice en pneus est plus habillée que ce qu’on verra plus tard…



…mais également aux autres productions, telles les balles de tennis ou les objets publicitaires.




De fait j’ai également ce cendrier (qui n’est pas rare) mais que j’ai acheté en deux fois, le pneu il y a des années sans savoir qu’il manquait un morceau et le cendrier en verre l’été dernier… Perseverare humanum est !


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Avant-guerre, ils contenaient toujours un buvard marque-page attaché à la reliure par une ficelle. Il est souvent absent, il ne reste alors que la ficelle et la pince mais il est par exemple présent et tout neuf dans mon 1932 (vierge par ailleurs) :


Il disparait à partir de 1946. Sur la fin de la série, un marque-page lanière revient.

Les éditions 1931 et 1932 ont en 2ème interne de couverture une carte à tiroir pour le calcul des distances entre les grandes villes françaises :



C’est apparemment limité à ces deux années car en 1930 et 1933, cette carte ne figure pas dans mes exemplaires et elle n’a pas été arrachée car il n’y a aucune trace.

De 1929 à 1932, un grand plan dépliable de paris sur une face et de ses environs sur l’autre est collé en 3ème de couverture (en 1928 il n’est pas dans mon exemplaire et, là non plus, ce n’est pas un arrachage, aucune trace) :


En 1933, c’est un plan plus modeste (2 feuillets)  des lignes du chemin de fer métropolitain de Paris :


Ces diverses cartes et plans, augmentés d’autres comme des cartes de l’Algérie et de la Tunisie sont intégrées aux pages réelles en fin d’ouvrage à partir de 1939.

Le 1946, peut-être autant par facilité que pour faire oublier les cinq années de guerre, reprend sur le dos, la charte graphique du 1940 :

Elle perdure jusqu’en 1951.

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Un des traits caractéristiques de ces agendas est qu’ils sont abondamment illustrés (à chaque page au début puis les illustrations alternent avec des maximes, proverbes, blagues, recettes de cuisine, conseil liés à la route, petites brèves sur la législation etc) suivant le principe de l’almanach.



Les dessins et autres cartouches sont en haut de page jusqu’en 1935, puis passent en bas de 1936 à 1938 pour revenir en haut de page en 1939 et ne plus en partir.

Ces dessins sont le fait de plusieurs signatures de 1924 à 1963. On trouve principalement  Jean Routier et Delarue-Nouvellière (qui signe parfois DN) qui suit un style très Pieds-Nickelés caractéristique de cette époque.


Ce dernier est un grand nom de l’illustration automobile :
http://leroux.andre.free.fr/delarue.htm

Jean Routier est moins connu mais ne dépareille pas :
http://leroux.andre.free.fr/jeanroutier.htm

Delarue-Nouvellière sort du jeu en 1964 (il est décédé en 1973).

Raymond Savignac (qui fut le graphiste attitré de Dunlop au-delà des agendas des années 50 à 70) signe des couvertures dans les années 50 :


Puis Dunlop fera appel à Piem :


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Outre, de faire claquer les noms de Delarue-Nouvellière ou de Savignac pour justifier le prix de vente (à trois chiffres parfois   ), souvent les vendeurs tirent argument du fait que l’exemplaire est vierge pour forcer le prix, mais que ne savent-ils pas que c’est justement l’exemplaire annoté (sous réserve qu’il ne soit pas totalement ruiné) qui présente de l’intérêt car il transmet de la vie passée, il est un témoin, même si parfois il est impossible de bien concevoir qui, où et quand (sur ce point, normalement le « remplissage » peut avoir eu lieu durant l’année d’édition, mais il y a avoir des exceptions car à une époque un support papier que l’on pouvait utiliser était autre chose de précieux, en tout cas d’utile, que ce qu’on en fait aujourd’hui).

Un exemple tiré du 1924 :


Mon 1969 contient par exemple des indications avec des noms et des lieux qui permettent de conclure qu’un fermier y a effectué le suivi des travaux de ses champs (avec le nom du champ et qui y a fait quoi, à la date du jour). D’autres ont très souvent servi de livres de dépenses journalières.

Le 1983 a été utilisé comme agenda scolaire par un enfant (à partir de septembre). Le 1978 contient des recettes de pâtisseries sur les premières pages…

Le 1934 a servi à un revendeur automobile pour consigner ses visites à des clients potentiels avec des notes évoquant les souhaits des clients, sur tel ou tel modèle, avec des reprises éventuelles.





On notera qu’ils ont souvent été commencés, sur quelques mois puis abandonnés…

C’est le cas du 1940 qui n’est annoté que jusqu’au 9 janvier, mais au 1er janvier son détenteur y a rédigé un brouillon d’une lettre qui nous permet d’apprendre qu’il s’appelait André Banière et qu’il était propriétaire d’une Ford 13 cv aménagée en ambulance dont il proposait les services au directeur des services de santé de la Dordogne en décrivant les avantages du véhicule : trois places à l’avant et une à l’arrière pour surveiller le blessé, quatre portes et une arrière pour le blessé, chauffage rapide de l’habitacle, brancard type Croix-Rouge monté sur roulettes et rails, matelas souple etc


Le 1984, le dernier, est parvenu jusqu’à moi avec l’intégralité de ce que son utilisateur y a agrafé à chaque page comme tickets de caisse, petits bouts de papier annotés de sommes diverses vite griffonnées et additionnées.





Il est le mafflu du lot qui perturbe l’étagère !!


Et c’est surtout ça qui est « grand » dans ces petites histoires. Avoir entre les mains des morceaux de vie de gens qu’on ne connait pas, qui sont morts pour la plupart mais qui ont laissé des petits témoins insignifiants de ce qu’ils ont fait. Pourquoi l’ont-ils fait, quand, comment ? Etaient-ils des hommes ou des femmes, jeunes ou vieux… ? On n’en sait rien mais ils en deviennent familiers même si la consultation est sans but et qu’on ne sait pas ce qu’on a sous les yeux parfois. Se dire, et c’est la même chose avec ce qu’on trouve quand on gratte la terre sur un chantier de fouilles préhistoriques par exemple ou qu’on consulte des archives (dans les deux cas je parle d’expérience), qu’on est en contact avec d’autres… par des témoignages de rien qui, quand on prend le temps -ou si on prenait le temps- de les assembler, de les travailler, de les recouper, apprendrait des choses (ce qui est vrai avec des produits de fouilles archéo, évidemment moins ici faute d’enjeu, mais le ressenti est le même).

Le plus évocateur est le 1929. Il a été utilisé du 1er janvier au 23 décembre (certaines pages restent néanmoins vierges) comme « main-courante » par un garagiste de Saint-Chély d’Apcher en Lozère (petit clin d’œil au séjour ayant fait suite au rasso en Lozère, là où le vieux monsieur à l’Aronde noire déjeune peut-être encore tous les jours s’il a atteint les 95 printemps ou plus je ne sais plus).

Si parfois, ces agendas ont été griffonnés à la va vite, celui-ci traduit un soin particulier et une écriture soignée, toute en pleins et déliés comme c’était de mise autrefois :


Le nom du garagiste est inconnu, mais de parcourir les pages autorise à reconstituer la vie automobile du lieu (en partie bien sûr).
Le 2 janvier, l’année commence par la mention « nettoyage de l’atelier ».
Puis, avec une très grande régularité, sur six jours par semaine (seul le dimanche est en général épargné sauf exception pour la pose d’un emplâtre sur un pneu par exemple), on retrace ainsi la vie du garage.



Les clients les plus fréquemment cités sont donc des habitants de Saint-Chély. Ils constituent tout simplement la communauté de notables de toute ville de province de cette époque. Leur activité leur permet ou leur impose de posséder une automobile.
On trouve ainsi Gaillardon, le notaire, qui possède une Talbot Six et le banquier Clément qui roule en Delage mais possède aussi une 5 cv Peugeot. Un autre banquier, Valentin, roule lui en Renault (de type non indiqué). Muret, médecin, roule en Mathis, et Austric, contrôleur (sans doute des contributions indirectes), possède pour sa part une Salmson. Le propriétaire du Bazar de Paris, Rouzaire, dispose d’une Berliet. Son concurrent Valadier (également désigné comme tenancier de bazar) est propriétaire d’une Renault JS (Modèle 18 cv, 6 cylindres produit en 1922-1923, moteur 4,2 l.). Durand, marchand de bois, a opté pour une Citroën B14 (Présentée au salon 1926, la B14 dispose d’un moteur 4 cylindres de 1,5 l pour 22cv réels. En 1929, elle a déjà été remplacée par les AC4 et AC6) et Giral, marchand de vin, pour une Renault OS (L’OS est une camionnette (produite en 1927 au moins), et c’est encore une Renault, mais du modèle EP (Pas de modèle EP dans l’inventaire de René Bellu. Mais comme d’une part l’écriture est belle et soignée et comme d’autre part, il est noté « vérification EP Renault pour commande de pièces » et qu’on se demande comment des pièces auraient pu être commandées sur la base d’une mauvaise identification, on peut penser que l’EP est un autre modèle utilitaire), pour l’entrepreneur Regourd.
Portons une attention spéciale à Livebardon, mercier-voyageur de son état, qui fait étudier un projet de carrosserie pour une Panhard le 15 janvier. Les travaux de réalisation s’étalent ensuite sur plusieurs semaines, témoignage du temps ou le garagiste local était aussi carrossier fabricant (mais aussi bricoleur en tout genre puisque le 16 janvier, il note la réparation d’un pistolet automatique pour le quincaillier Mamet). Il semble aussi être moniteur d’auto-école puisque le 17 avril, il note « voyage à Mende pour prendre voiture Renault 6 cv pour brevet Tardieu ». Le lendemain, il consigne d’ailleurs une leçon de conduite pour le banquier Tardieu, puis une autre le 22. Enfin, est indiqué un voyage à Mende le 26 pour « brevet Tardieu ». Une autre mention de voyage à Mende pour permis de conduite, au bénéfice cette fois de M. Chauvet, est portée le 9 octobre.
Toujours parmi les Barrabans (Ce nom a été donné aux habitants de Saint-Chély d'Apcher pendant la Guerre de Cent Ans. Il vient de l’attaque portée par la population de la ville qui s'est portée au devant d'une bande de soldats anglais en criant "barres en avant" (barra in abon en patois), d’autres mentions ne permettent pas toujours de connaître soit l’activité soit le modèle d’automobile. Le sieur Moulin est propriétaire d’une Ford, et c’est une Bébé Peugeot que conduit Chalvet, qui croise sans doute épisodiquement monsieur Michel au volant de sa 5 cv Citroën. Le quincaillier Mamet, le banquier Valentin, le boucher Poulalion et son concurrent Gras (ça ne s’invente pas), l’entrepreneur Jaffuel, les percepteurs Jalbert et Garcin et leur collègue Combarel des contributions indirectes, le dentiste Macary, ou encore Trocellier (loueur de machines) sont également clients. Ils apparaissent sans indication de véhicule, parfois parce qu’il s’agit d’achats d’huile, ou de réparations de pneus, parfois aussi, même lorsqu’une intervention est décrite, par oubli.
Viennent ensuite les clients des villes voisines : M. Fichet (ou Fichit) de Serverettes (sur l’actuelle N106 à 17 kms au sud-est) a acheté une Panhard X25 qui lui est livrée le 1er janvier (première page de l’agenda). Valadier, boucher à Rimeize (sur la N106 au sud-est à 7 kms) dispose d’une Ford qu’il remplacera (ou doublera) apparemment par une camionnette Panhard en décembre. Barrandon, de Sarrouillet (sur la D75 au nord de Rimeize) roule en Renault 6 cv. Le 7 février, notre garagiste vend une Monasix (: La Monasix a été présentée au Salon 1927. Ce modèle est donc récent. C’est soit un type RY ou soit un PG1 (6 cylindres de 1,5 l pour la première et de 3,2 l pour la seconde) à Gineste, habitant La Garde (sur l’actuelle N9 au nord près d’Albaret Sainte-Marie). Elle lui est livrée le 1er mai. De la commune de La Garde également, M. Roche fait réparer son embrayage de Renault KZ2 (: La KZ2 est une 4 cylindres de 10 cv, de 1928 (présentée au salon 1927) en mai. Arnal de la laiterie de Malzieu-Ville (au nord-est sur la D989 à 10 kms) fait réparer sa Ford le 20 février. Le quincaillier de Saint-Alban (il s’agit certainement de Saint-Alban sur Limagnolles à 12 kms à l’est par Rimeize) laisse sa Zénia le même jour : le moteur est démonté. Le 11 avril, Astruc, instituteur de Chabannes (sur la commune de Fontans, à 14 kms de Saint-Chély vers le sud-est) fait l’essai d’une Peugeot 163. La vente est conclue et un nouvel essai est indiqué le 25 avril en même temps que la livraison. Flouret de Fournels (15 kms à l’ouest sur la D989) récupère sa Renault 10 cv le 22 avril après réparation. De la même ville, le quincaillier Pélégry est quant à lui adepte de l’utilitaire Renault OS. Le 27 avril, la maison fait essayer une Benjamin à M. Odoul peintre aux Andes (dans le Puy-de-Dôme, à 125 kms de Saint-Chély, à moins qu’il ne s’agisse d’un lieu-dit plus proche car en septembre il fait réparer sa magnéto). Convaincu de suite, il l’achète. Le curé de Loubaresse (dans le Cantal, mais seulement à 15 kms au nord de Saint-Chély d’Apcher sur la route de Saint-Flour), Marly, roule en 5 cv Citroën et Portefaix de Rimeize en Renault.
Là-aussi, le passage d’autres clients ne se solde pas par l’indication de leur véhicule : Talon ou Chayba de Chaudes-Aigues (noté Chaudesaigues, à l’ouest à 30 kms), Noal d’Albaret-le-Comptal (16 kms au nord-ouest par la D64), le boucher Chassang de Fournels, Brouillet, instituteur aux Bessons (5 kms au sud), Boulet (loueur ?) de Serverettes, Sinègre de Bellevue, Ajasse, instituteur à Sainte-Colombe.

Et puis il y a les sans noms, les « voyageurs » « touristes », ou « voiture de passage ». Ils s’arrêtent majoritairement pour de l’huile (voiture Renault le 3 avril, motocycliste le 29 juin, des forains propriétaires d’un stand de tir le 14 octobre), et surtout pour des réparations de pneus et/ou de roues (voiture Citroën le 12 avril, voitures Peugeot 5 cv et Renault le 18 juin puis une Chenard et encore des touristes suisses sur un véhicule inconnu le 22 suivant –on avait dû refaire une route quelque part-), voire pour poser des chaînes antidérapantes (voiture Fiat le 19 février, pour 10,00 francs). Cela peut néanmoins être plus grave comme pour cette B14 dépannée au Rocher-Blanc, ou comme pour cette voiture Unic dont le moteur a été démonté sur deux jours en janvier, ou encore pour ces « touristes » dont la 6 cv Renault a été dépannée à la gare d’Arcomie le 18 juin, remorquée et réparée au garage (pendant ce temps on a compté deux communications téléphoniques au client).

Notre garagiste, qui a vendu deux ou trois voitures en début d’année, indique un voyage à Paris du 29 mai au 2 juin dans la Talbot du notaire Gaillardon pour chercher des voitures d’occasion. Le 31 mai, il signale l’achat dans la capitale d’une Renault 6 cv et d’une Peugeot 163 BRS. La 163 est sortie à l’été 1919 et a été produite jusqu’en 1924. Mais René Bellu dans Toutes les Peugeot ne mentionne pas de type BRS. Il existe la 163 tout court (10 cv) de 1919 à 1924, puis en 1922 s’ajoute la 163 BS, qui est un nouveau torpédo spécial sport avec moteur légèrement plus gros, et une 163 BR apparaît en 1923, en version fermée avec le moteur de la BS. Le seul type qui existe avec BRS est le 153 de 1922 qui est une 15 cv sport avec un 4 cylindres de 2,9 l. Il y a dû y avoir une confusion. D’ailleurs lorsque cette voiture réapparaît ensuite dans les notes à l’occasion de sa vente, elle n’est plus indiquée BRS. Il rentre de Paris avec la première le 2 juin (on se sait pas comment sera rapatriée la seconde qui sera celle vendue à l’instituteur Astruc de Chabannes en avril).

Et comme de juste, il est question du « voyageur » (le commercial dirait-on aujourd’hui) Dunlop (M. Martel) qui passe le 24 juin ; on lui recharge sa batterie. L’agent Mathis de Millau fait une visite le 25 octobre.
Ce même 25 octobre, on note la réparation d’une machine Albaret (la proximité de deux communes portant le nom d’Albaret en Lozère –Albaret le Comptal et Albaret Sainte-Marie- pourrait lasser croire qu’il puisse y avoir un rapport avec les rouleaux et autres machines connues sous cette marque, mais la marque Albaret était sise dans l’Oise à Rantigny de puis 1847 ; il se peut aussi que la mention machine Albaret nous mène mentalement et faussement vers ce constructeur alors que l’indication pourrait signifier qu’une machine non désignée a été réparée à Albaret), le dépannage de la Delage du banquier au pont de Saint-Chély et le changement d’une bougie, d’un fusible, plus un nettoyage de carburateur sur « l’autobus Berliet de Firmin », le tout pour 26 francs.
On apprend encore que pour un bidon d’huile BB Mobiloil, il existe une consigne pour l’emballage à hauteur de 2,50 francs qui s’ajoute, s’il est emporté, au prix de son contenu. Les 5 litres d’huile vidés sur place coûtent quant à eux 22,50 francs, soit 25,00 francs le bidon complet.

Au titre des mentions diverses qui parachèvent le tableau, on note que le dimanche 5 mai était jour d’élections au conseil municipal (peut-être notre garagiste y avait-il quelque chose à voir), que le dimanche 1er septembre était jour de la fête de Saint-Chély et que l’après-midi du 2 décembre a été balisé « chasse ». Il n’empêche en tout cas que la B14 du marchand de bois Durand a eu besoin ce jour-là d’une réfection totale de magnéto.

Avec un annuaire de la Lozère des années vingt ou trente, il serait facile de compléter ces informations sur les acteurs de la pièce.
Avec les pages blanches et jaunes d’aujourd’hui, on retrouve néanmoins plusieurs Gaillardon dans le département. Il existait encore un monsieur Livebardon à Saint-Chély en 2007 et on trouve encore des Muret aux alentours. Il y a plus d’une centaine d’Astruc en Lozère…, et une dizaine d'abonnés du nom de Rouzaire à Saint-Chély même. On y trouve aussi des Valadier et des Giral (dont l'un était concessionnaire Peugeot jusqu'en 2007) et encore des Mamet, Chauvet, Poulalion, Jaffuel, Tardieu et Trocellier.

C'était la minute de monsieur Cyclopède !!, qui vous remercie de votre attention si cela vous a intéressé.

Présent !!!
Merci pour ces tranches de vie et pour le partage de ta collection, ce sont de chouettes documents d’époque ! 
La couverture du 1931 , trop belle! 

On voit que l’archéologie reste présente au quotidien, et il n’y a pas besoin de chercher plus de 50 ans en arrière pour voir que notre passé ressemble déjà à du gruyère! Combien de temps as tu travaillé juste sur la 1929 pour récolter toutes ces données ?
Et le garage Barouillhet avec son esthétique très moderne (dans le sens architectural, Corbu, Mallet Stevens, etc.) me ferait presque regretter de n’avoir pas acheté le garage de 1969 dans un village proche de Toulouse il y a 4 ans...

Génial

Put...ce gars m'étonnera toujours  j'ai tout lu ou presque
Merci JP pour toutes ses info et collections diverses que tu partages avec nous!!!

Mathieu Viollet a écrit:

Combien de temps as tu travaillé juste sur la 1929 pour récolter toutes ces données ?

La fin du texte sur Saint-Chély trahit le fait que j'ai écrit ça en ... 2007. Putain, 12 ans ! ça date, et c'était resté en archive tant que je n'avais pas la série complète. J'avais écrit ça pour LVA ou autre et c'est le moment où j'ai compris que ce que j'envoyais n'était pas, ou rarement publié, même s'il y avait eu des réussites, c'était encore l'époque où je pensais faire de l'histoire de l'automobile (si vous saviez ce que j'ai en stock et qui ne servira jamais, des pleins dossiers de dépouillement d'archives locales sur les premiers permis, les premières immatriculations sur quatre départements de l'Ouest, la législation du début du siècle etc) !! J'ai dépouillé des tas de registres pour alimenter les données historiques du CAR Renault (eh oui, paradoxe)...
Alors savoir combien de temps ça m'a pris, je ne saurais plus dire. Mais il m'a fallu forcément dépouiller l'agenda, traquer les lieux, les marques citées, les noms propres donc utiliser les sources habituelles, annuaires des communes, annuaire téléphoniques (mais avec le Web ça c'est facile)... Ce temps-là ne compte pas du moment qu'on aboutit à un truc qui a une "petite" utilité.

Mais écrire est ma première nature avant de démonter des moteurs  et si je devais compter tout ce que j'ai pu écrire pour compenser désormais avec des moteurs, il va falloir m'envoyer des blocs car je n'en ai pas assez ...

Un forum ne serait-il pas une sorte de canapé de psy... Je rebondis sur une petite remarque récente de quelqu'un qui se reconnaîtra...

tintin 0927 a écrit:

Génial

yoyo16 a écrit:

Put...ce gars m'étonnera toujours j'ai tout lu ou presque
Merci JP pour toutes ses info et collections diverses que tu partages avec nous!!!

sans commentaires je suis sans voix

j'ai tout lu avec en tête l'imitation d'alain Decaux par guy Montagné ,  
merci pour ce partage

Je l'ai déjà écrit quelque part sur ce Forum, mais je me répète : cet homme est dingue , un doux dingue  

La passion des collections  

Merci J-P pour ce nouveau morceau d'histoire

J'en reste sans voix...  

Une belle tranche de vie ces agendas de la marque Dunlop, merci de nous la faire partager sur le forum...

Pour rejoindre nos Rancho et la monte en pneus CN36, nous attendons maintenant la collection des calendriers Pirelli...des origines à nos jours...

arno86 a écrit:

Je l'ai déjà écrit quelque part sur ce Forum, mais je me répète : cet homme est dingue , un doux dingue

La passion des collections

Merci J-P pour ce nouveau morceau d'histoire

Je prends le compliment...

Jean BALUCHON a écrit:

J'en reste sans voix...  

Une belle tranche de vie ces agendas de la marque Dunlop, merci de nous la faire partager sur le forum...

Pour rejoindre nos Rancho et la monte en pneus CN36, nous attendons maintenant la collection des calendriers Pirelli...des origines à nos jours...

La vie ne tient à rien.

J'ai acheté un jour un agenda Dunlop, il y a sans doute pas loin de 30 ou 35 ans (merde, je réalise à cet instant que je ne sais plus lequel fut le premier, le point de départ, l'initiateur), et ça a fini par aboutir à la série complète et à ce topic.

Je n'ai pas croisé de calendrier Pirelli en revanche.

Et un jour à l'automne 2010, je lorgnais une 505 GTI qui m'est passée sous le nez, alors comme je lorgnais aussi les Rancho, j'ai acheté le premier de la série, et maintenant je suis là et vous devez me supporter. C'est con !!

 je ne sais pas comment tu fais pour trouver le temps pour faire ces sublimes reportages , en parallèle aux recherches de pièces , aux services rendus aux personnes du forum ou non , je tire mon chapeau bien bas ( enfin pas trop tout de même j' ai mal de dos    )  
J ai l impression de n' avoir qu' un centième de ton temps .....et lorsque je vois a 06h00 tes messages je suis "esplanté"   
un tout petit truc si tu pouvais mettre plus d' images 

Ah ben oui c'était la bible des garages ces agendas Dunlop, on s'en servait pour noter tous les rdv et les trucs à ne pas oublier !

J-P16 a écrit:

et maintenant je suis là et vous devez me supporter. C'est con !!

Ce n'est peut-être pas si con que ça . . .
On perdrait quelque chose à ne pas te connaitre


MERCI Jean Pierre

impressionnant....

Jean BALUCHON a écrit:

nous attendons maintenant la collection des calendriers Pirelli...des origines à nos jours...

J'ai pensé la même chose dès la lecture du titre.   
On attend le même niveau iconographique  

J'ai pas tout lu, j'y reviendrai plus tard, merci JP pour cette "somme"

Citation :

Mais écrire est ma première nature avant de démonter des moteurs  et si je devais compter tout ce que j'ai pu écrire pour compenser désormais avec des moteurs, il va falloir m'envoyer des blocs car je n'en ai pas assez ...

 Blocs notes ou blocs moteurs ?!  

Bravo en tous cas .L' Archéologie n'est pas loin, pour la patience et la minutie de tes lectures.

belles recherches et conservations de ce patrimoine de l auto et de la vie de l auto , bravo

steph-du71 a écrit:

J-P16 a écrit:

et maintenant je suis là et vous devez me supporter. C'est con !!

Ce n'est peut-être pas si con que ça . . .
On perdrait quelque chose à ne pas te connaitre


MERCI Jean Pierre

Bah si tous les cons étaient comme JP le monde se porterait mieux :Jap:

+1000

N'en jetez plus. C'est embarrassant...

J-P16 a écrit:

N'en jetez plus. C'est embarrassant...

Tant pis je remet une couche ===> je reste sans voix
Merci pour ce post ...passionnant

Et il y a personne pour lui filer un calendrier Pirelli pour qu'il commence une nouvelle collection

Ben en fait, les collections, il y a un moment où il faut envisager de les terminer plutôt que de les commencer .

Et devenir collectionneur de collections,je sais de quoi je parle

on est tous un peu dans ce cas...ou en passe de l'être...

A mon tour de découvrir par le biais de ton magnifique topic ces agendas Dunlop dont j'avais complètement oublié l'existence depuis longtemps, si tant est que je les aies connu un jour, je ne sais plus en fait!  
C'est superbe bravo, mais j'en rajoute: tu es un GRAND MALADE comme on les aime tous ici sur ce forum, on passerait des nuits entières sur tes récits, encore merci (si si).

super jp
j ai lu en diagonale mais c est passionnant
ça me rappelle mon grand père qui consignais dans des agendas (pas dunlop) toute sa vie
le temps qu il faisait le nombre d œuf ramassé et tout évènement journalier notable
le must c est que l agenda servais plusieurs années donc on pouvait comparer les données sur 5 ou 6 ans
j ai toujours regretté de ne pas les avoir conservé