Je viens de me faire un nouveau trip en mode histoire industrielle. On sait que j’aime ça.
Le point de départ est un truc hyper fugace.
Hier soir, je pointe les nouveautés Rancho sur eBay et je vois une vente d’un plafonnier de Rancho (partie arrière, pas d’origine 1100 -Simca-, mais celui des Talbot origine 1307 et cie recyclé sur Rancho, avec interrupteur intégré super fragile) que le vendeur annonce sous la marque Monteux.
A ce stade, évidemment, je n'apprends rien, je le sais déjà puisque… c’est écrit dessus
. Et je sais très bien que ce même fournisseur est celui des émetteurs de jauge à essence de Rancho -et cette fois il semble que ça ne soit QUE de Rancho, du moins pour ce qui est identifié-.
https://simca1100.1fr1.net/t5174-rancho-comment-est-fait-l-emetteur-de-jauge-a-essenceMais surtout il me revient que j’ai déjà cherché, vaguement, et que je n’ai pas réussi jusqu’à lors à tracer quoi que ce soit au sujet de cette "marque". Le genre de constat qui m’agace. En conséquence, j’ai commencé à taper des mots dans Google entre « j’ai mis le couvert » mais « les friands à la saucisse ne sont pas encore assez chauds dans le four »…
Et là, la magie World Wide Web a opéré en quelques clics (enfin bon, après il faut quelques heures comme d’habitude parce qu’il a fallu en finir avec les friands et puis un jour a passé). L’enchaînement improbable de datas qui fait ne pas regretter d’avoir passé une journée de merde sur cette planète de merde…
J’ai trouvé. (on peut dire Euréka aussi
)
Allez on y va…
On commence par la base : demander à Google s’il connait Maurice Monteux… Evidemment il y a des résultats mais la plupart ne reprenant que Monteux avec d’autres données notamment d’autres prénoms clés et quelques séquences qui associent réellement les deux noms. Les indices semblent nous conduire à Limoges…
Bon, allons à Limoges (on pourra toujours en rapporter une tourte aux patates et à la saucisse -hummm-, ça raccorde avec les friands qui sont dans le four
)
Maurice Monteux, Limoges, industriel… ayant fait construire dans les années 1960 la villa Monteux à la Texonnière, un monument de l’histoire architecturale française.
http://www.tourisme-limousin.net/photos/188/188002147_d1.pdf
Mais la famille Monteux est très clairement associée à l’industrie de la chaussure. Ca ne colle pas… aux semelles !!
L’usine (Gaston) Monteux (il faut l’illustrer) est aujourd’hui le centre des archives médicales de l’armée.
Pour les curieux :
http://pedagogie.ac-limoges.fr/hist_geo/accueil/squelettes/documents%20importes/indus/monteux.pdf
Seconde strate de recherche : passons aux liens relégués bien plus loin dans les résultats.
Je trouve une vraie piste "Maurice Monteux et Cie" comme écrit sur les jauges, au 310 rue François Perrin, et je pars sur les sites de données sur les sociétés, qui me donnent ça :
J’espère en savoir plus avec l’ancienne nomenclature NAP73 qui est mentionnée mais le code 0097 ne fournit pas d’indications utiles, c’est un fourre-tout généraliste dans lequel rien ne correspond à de l’équipement automobile
Grrr. Impasse ! On en retient juste que cette société a cessé son activité en 1984 ou 1987 (on a deux infos différentes) et que ce n'est pas incompatible avec la production des Rancho qui cesse en 1983, ou même, pas incompatible non plus avec un lien avec Talbot qui disparait en 1986 (peut-être même qu'il pourrait y avoir un lien de cause à effet, allez savoir...) !
Allons voir encore plus loin…
Troisième strate de résultats Et là bingo. Heureusement qu’il y a des archivistes et des historiens qui font des inventaires et des études dont on peut avoir l’impression que ça ne sert pas à grand-chose mais que si
:
https://archives.haute-vienne.fr/image/55074/86334?size=!800,800®ion=full&format=pdf&download=1&crop=centre&realWidth=1754&realHeight=1240&force-inline
Et dans cet inventaire à la Prévert, on trouve la clé du mystère :
Evidemment que la jauge à essence d’origine inconnue listée à deux références près d’inventaire du rhéostat identifié, elle vient du même endroit.
Et surtout, grâce à cette source, de Maurice Monteux (qui était, maintenant je l’ai compris, une holding financière du code NAP73- 0097) on aboutit à la Société générale de Constructions électro-mécaniques. Ca, c’est déjà plus causant.
Le site Delcampe apporte sa contribution :
Et enfin, la boucle est bouclée… la piste du 310 rue François Perrin était bonne, ce que la
quatrième strate de recherche va démontrer.
Même un site dédié au matériel de radio vient contribuer :
Aujourd’hui, voilà ce qu’on peut voir au 310 de la rue François Perrin : un poste électrique...
Mais qui cache ce qui occupe vraiment le terrain :
Cette enfilade commerciale donne en fait sur le boulevard circulaire de Limoges ou rocade intra-muros, le truc limité à 50 kms/h qui rapporte beaucoup d’argent à l’Etat grâce aux contrôles de vitesse, cette rocade qui mène d’Ouest en Sud, qui mène de la route d’Angoulême à l’A20…
Combien de fois l’ai-je empruntée et pas plus tard qu’en mai dernier sur le chemin du rasso, en Rancho… qui est donc passé au pied de l’endroit où quelques pièces de son accastillage ont été produites à une époque que les moins de 20 ans etc